Ma première Tente Rouge
Lors du WE Bébé Nature, j’ai eu l’opportunité (l’honneur, devrais-je dire..) de participer à une Tente Rouge…
Qu’est-ce qu’une Tente Rouge, me direz-vous ?
C’est un lieu de parole libre et respectée entre femmes. Vous en saurez plus en allant sur le blog de Claire… C’est elle qui nous a initiées à cette pratique, forcément… Elle a joué le rôle de facilitatrice ce soir là…
La tente rouge a été matérialisée simplement par des draps, nappes, et tentures rouges récupérées par ci par là… L’espace est clos, on y est assises en cercle, et au centre sont placées des bougies, une cruche de thé, une assiette de gâteaux secs et une autre contenant des morceaux de chocolat… Et puis des mouchoirs… Ca met tout de suite dans l’ambiance !...
Dans une tente rouge, il y a des règles : la parole est sacrée…
S’exprime qui le souhaite, au moment où elle le souhaite… Pas de tour de table, pas d’obligation de se livrer… Lorsqu’une des participantes prend la parole, les autres ne doivent pas l’interrompre, elle va au bout de ce qu’elle a à dire.
On ne commente pas ce qui se dit (et c’est dur, parfois…) : lorsque celle qui a la parole se tait, une autre prend la parole pour raconter son histoire, sans transition.
Ce qui se dit au sein de la tente rouge ne doit pas en sortir : on ne le répète pas à qui que ce soit, et on ne reparle pas aux autres participantes de ce qu’elles ont dit, sauf si c’est à leur initiative.
Ces quelques règles posées, la parole nous est donnée…
Nous avons chacune tiré une carte du jeu « Féminitude », qui peut nous servir de base pour parler, si elle nous inspire ; chacune est concentrée, recueillie…
J’ai trouvé cela assez lourd, ce silence qui s’est installé… L’ambiance est à la méditation, mais j’ai du mal à rester centrée sur mes émotions, parasitée que je suis par des « Et si personne ne prend la parole ? Et qu’est-ce que je vais dire ? Et qu’est-ce que je fais là ? »
Ouf, quelqu’un prend la parole… Les participantes se livrent, elles parlent d’événements marquants, qu’ils concernent ou non la maternité… Parcours de vie, douleurs cachées, satisfactions aussi…
Je suis un peu bloquée sur ma carte… J’étais pourtant sûre d’avoir décidé de quoi je voulais parler bien avant de partir au WE (je ne m’en souviendrai que dans la voiture en rentrant…) mais sur le coup, rien ne vient… Que dire dans cet espace de parole là, comment profiter de cette chance qui m’est offerte ?...
Au fil des prises de paroles successives, les mots montent en moi, ce que je veux dire commence à prendre forme dans ma tête… Je suis soulagée, je vais parler…
Lorsque je me lance, il y a déjà eu beaucoup d’émotions, de larmes, d’intensité… Je me surprends à me demander si mon récit sera à la hauteur de celui des autres… Toujours ce fichu besoin d’être « bonne élève »… Je me déteste quand je suis comme ça…
Je commence à parler en commentant la carte que j’ai tirée… Je dis des mots, mais je ne me sens pas authentique, je n’arrive pas à me laisser aller… A un moment, je m’interromps… Je sens le vide en moi, je me sens glacée de l’intérieur, le trou, le gouffre… Je ne sais plus comment poursuivre, je ne sais même plus exactement ce que j’ai dit… Je ne sais pas vraiment comment je me suis reprise, mais j’ai réussi à finir mon intervention tant bien que mal, j’ai gardé le contrôle…
C’est là que j’ai vécu un moment extrêmement fort…
Ma voisine, qui est aussi une amie très chère, m’a serré dans ses bras sans un mot, m’a tenu la main, fort… Moi qui ne suis pas très « contact », j’ai senti ma carapace fondre dans cette étreinte pleine de tendresse… J’ai ressenti à ce moment précis toute la force de nos énergies de femmes, toute la bienveillance de ce lieu de parole… Je me suis sentie trahie par les mots, mais tellement authentique dans ce contact là… Je me suis mise à sangloter…
Je suis néanmoins repartie de la tente avec un intense sentiment de frustration, d’autant plus que toutes les autres semblaient tellement enchantées de leur expérience… J’ai eu l’impression que j’aurais du dire autre chose, quelque chose de plus important, de plus intéressant, de plus profond, de plus intense… Je me suis sentie « à côté »…
J’ai pu en reparler le lendemain, et comme il me l’a été dit alors, je pense que mon moment n’était pas venu… J’ai vécu la Tente Rouge avec ce que je pouvais donner et recevoir à ce moment là… J’ai partagé ce moment avec des amies, et cela aurait peut-être été plus facile avec des inconnues… Je n’ai pas pu me libérer de ma peur du jugement je crois, j’ai eu besoin de rester dans le contrôle…
Sur le trajet du retour, dans la voiture, lorsque je me suis souvenue de ce que je souhaitais partager au cours du WE, je me suis demandée pourquoi mon esprit avait à ce point occulté ce sujet… J’avais envie de demander « Que feriez-vous à ma place ? Qu’est-ce que je dois faire selon vous ? » Et au final, sans doute avais-je besoin de prendre ma décision moi-même, et de savoir que cette décision, lorsqu’elle serait prise, n’appartiendrait qu’à moi…
D’ailleurs, quand j’y ai repensé dans la voiture, la réponse m’a semblé évidente… En laissant parler mon cœur, je sais ce que je veux, au plus profond de moi…
Cette expérience restera en tout cas gravée en moi pout toujours, ce qui s’y est partagé restera entre nous, et cela nous lie de façon très forte…
Je suis vraiment heureuse et reconnaissante d’avoir pu vivre un tel moment, avec des femmes tellement belles, tellement hors du commun, si fortes et si fragiles à la fois…