La naissance de Mistinguette

Récit écrit le 26 mars 2006, sur le forum "Bébé Nature"


Bon, je me lance, je vous raconte la naissance de ma grande, mon premier bébé... Ca date de 4ans 1/2... Ce n'est pas facile de se mettre à nu, mais je pense que ça va me soulager...


Tout a commencé après notre mariage, quand nous avons annoncé naïvement que nous souhaitions avoir des enfants rapidement… Ce qui n’a pas été le cas…

Bébé s’est fait désirer environ 1 an (ce qui n’est pas énorme en fait, mais quand on y est, ça paraît interminable…)

 

Pendant cette année, il y a eu une épidémie de grossesses autour de nous : d’abord ma belle-mère (la femme de mon beau-père, qui a le même âge que mon mari…) 1er choc… Puis qq mois après, la cousine de mon mari (qui est aussi ma meilleure amie) qui n’avait jamais fait mine d’être intéressée par la maternité ; puis ma belle sœur… Je ne pouvais plus voir une femme enceinte dans la rue, je devenais folle !

 

Finalement, le bonheur du test de grossesse positif… Et l’angoisse qui a suivi…

7 mois et demi d’angoisse en fait : et si je perdais ce bébé ?? A

aucun moment je n’ai envisagé que tout pourrait bien se passer, ça paraît dingue, mais c’est comme ça…

 

J’ai fait un décollement placentaire (minime en fait) vers 4 mois : arrêt de travail, et je n’ai plus quitté mon canapé : j’étais « malade », il fallait me ménager…

Je déprimais plein pot, moi qui avait idéalisé la grossesse pdt si longtemps (depuis tjs, en fait, je fais partie de ces femmes qui voulaient déjà être mère alors qu’elles étaient enfant) J’avais beau ne pas bouger, j’avais des contractions, que je n’avais pas vraiment identifiées d’ailleurs : ça faisait mal, c’était désagréable, mais dans un sens ça allait bien avec tout le reste donc ça ne me préoccupait pas.

En plus, je faisais mes visites mensuelles consciencieusement et pour le gynéco tout allait très bien, alors…

Alors je continuais d’avancer dans cette grossesse, tjs persuadée qu’il allait y avoir un problème à un moment ou à un autre…

 

Et un certain 22 novembre, vers 6 heures du mat, à 35SA, j’ai perdu les eaux, comme ça…

Panique à bord, c’est trop tôt, je ne suis pas en travail, qu’est-ce que c’est que ça ??

Direction la maternité avec mon mari, aussi paniqué que moi.

 

A la mat, confirmation, la poche est rompue, la sage femme m’appuie sur le ventre et c’est les chutes du niagara, ça coule et ça coule encore… Et moi je suis en larmes, c’est trop tôt, je ne veux pas accoucher.

Je ne veux pas accoucher.

La sage femme ne comprend pas mon désespoir, pour elle, 35SA, c’est « presque à terme » donc tout va bien, en plus il semble que ce soit un gros bébé, donc pas de soucis pour elle… De mon côté, je commence déjà à imaginer « le pire » (c’est loin d’être le pire quand on sait ce que peuvent vivre certains couples, mais bon…) : je me vois césarisée sous AG, mettant au monde un préma, qu’on allait m’enlever pour le mettre en couveuse…

Je ne voulais pas être séparée de mon bébé…


Et pourquoi ne voulait-elle pas rester dans mon ventre, d’abord ?

 

Toute la journée, je reste dans la chambre, ma voisine pouponne son nouveau-né (son accouchement ne s’est pas bien passé non plus, elle a eu une césar en urgence pour souffrance fœtale, et me raconte tout ça avec force détails, le bonheur !) Le soir, mon mari est invité à rentrer à la maison, les heures de visite sont finies… Moi j’ai l’impression d’avoir des contractions, mais je le laisse partir sans rien dire : de toute façon il ne peut pas rester… Les auxilliaires lui promettent de l’appeler si je dois accoucher dans la nuit…

Je reste toute la nuit couchée, avec des contractions de plus en plus douloureuses, je pleure de douleur, mais en même temps je suis contente, je vais peut-être échapper à la césarienne…

Vers 1 heure du mat je n’en peux plus, je sonne… Monito, TV, le col ne bouge pas, les contractions ne sont pas efficaces… Désespoir à nouveau… On me fait une piqure de Salbutamol, ce qui me paraît bizarre puisque c’est ce qu’on donne pour stopper les contractions en cas de menace d’accouchement prématuré, alors que moi, je suis plutôt censée accoucher, là… Mais bon, je ne dis rien, et puis finalement, ça me soulage, alors…

 

Personne n’a eu l’idée de m’accompagner pendant le travail, de me donner des conseils pour gérer les contractions, de faire venir mon mari, de me proposer de marcher, de me donner des positions pour favoriser le travail ou que sais-je encore…

Moi je suis tapie au fond de mon lit, partagée entre le soulagement d’être en travail ce qui m’évitera cette foutue césarienne que je redoute tant, et cette pensée obsédante : « Mais je ne veux pas accoucher… ».

 

Sur le matin, on me donne un suppo de glycérine pour que je me présente en salle de naissance « l’ampoule rectale vide »… Ca me fait un effet bœuf, et entre 2 contractions, je me retrouve pliée en deux dans les toilettes à me vider par le haut et le bas (pardon pour les détails…)…

Finalement, direction la salle de naissance, je demande toutes les 5 minutes aux auxilliaires d’appeler mon mari (ça ne m’est même pas venu à l’idée de le faire moi-même, ou de l’appeler dans la nuit pour venir me soutenir : « ce n’est plus l’heure des visites »…)

En salle de naissance, je suis seule aussi… Puis c’est l’heure de la relève, et deux élèves infirmières se passent les consignes dans mon box en me mettant une perfusion.

« Elle veut une péridurale la dame ? »

Moi, en hurlant : « Ouais, elle veut une péridurale, la dame, et il est où votre p*** d’anesthésiste, j’en peux plus »

Elles, vexées : « Oh, d’accord, vous allez l’avoir, votre péri, mais là c’est encore trop tôt, il va falloir patienter » et elles s’en vont, peut-être pour raconter aux autres qu’il y a une chieuse qui fait son cinéma…

Finalement, l’anasthésiste arrive, dans le coltard, me grogne des consignes : « Plus rond le dos, là il ne faut plus bouger, je pique » (en plein pdt une contraction, pratique pour ne pas bouger…) Et au bout de quelques instants, ça marche, je n’ai plus mal, je plane un peu aussi, c’est sympa…

 

Mon mari arrive, je suis souriante, je suis contente de le voir…

La sage femme m’examine, elle ne pense pas que le bébé sera là avant l’après midi…

A 9 heures 47, le 23 novembre, elle était là, ma petite fille, parfaite, rose, respirant toute seule… Je n’ai rien senti de son « passage », je ne pourrait même pas le raconter… J’ai eu une épisio, le protocole pour les préma, mais ça n’a pas été un problème. Elle a crié tout de suite, elle n’était pas encore complètement sortie… Comme je l’avais attendu ce cri qui m’indiquerait que tout allait bien… 2kg470, 47cm… Un beau bébé pour 35SA !!

Elle n’est pas allée en néonat, mais il fallait qu’elle reste dans la couveuse à côté de moi "pour ne pas se refroidir"… On me l’a mise au sein un peu plus tard, je crois que ça ne s’est pas trop mal passé, mais c’est le début d’une autre histoire…

 

Voilà le récit de mon premier accouchement, pas très réjouissant, ça reste présent en moi comme une cicatrice, une naissance volée, gâchée… J’ai longtemps culpabilisé, mais je crois quand même que je n’ai pas été trop aidée pour que ça se passe bien… On n’a jamais trouvé de cause à cet accouchement prématuré… En mon fort intérieur, je suis persuadée que mon bébé a du sentir mon mal-être pdt la grossesse, et a voulu se sauver, ou me délivrer de cet état, dès qu’elle a été prête à sortir… On ne le saura jamais…

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