Troizan
Et bien ça y est, nous y voilà…
C’était il y a trois ans jour pour jour…
La naissance de ma n°3, dite Choupinette, la bien nommée…
Je n’ai pas envie de raconter sa naissance, je l’ai fait « à chaud » dans les jours qui ont suivi sa venue au monde… Une belle naissance, « physiologique », respectée, comme je l’avais souhaitée… Qui reste en moi comme une immense fierté, mais qui me laisse aussi comme un arrière goût de violence, de brutalité… Je garde le souvenir très prégnant de la douleur de l’enfantement… Normalement on oublie, parait-il, sinon on ne recommencerait pas !! J’avoue que juste après la naissance, je me suis dit « OK, je l’ai fait, super, mais ce sera la dernière fois, je ne serais jamais capable de recommencer ça… » Et cette impression reste inscrite en moi… Est-ce pour ça que j’hésite tant à mettre en route le ptit 4e qu’on a en projet ? Officiellement non, ce sont des considérations matérielles qui me freinent… Mais je me demande si cette peur de l’accouchement (que je n’avais pas pour les premières, curieusement) ne joue pas aussi, d’une certaine manière…
Quoi qu’il en soit, ces trois ans sont passés à une vitesse folle…
J’ai du mal à réaliser que ma Choupi n’est plus un bébé, mais est en train de se transformer en petite fille… J’en parlais au WE Bébé Nature, justement (avec mes excuses pour celles qui ont eu la version courte, version longue, version sous titrée… à un moment je ne savais plus trop ce que j’avais dit et à qui, j’ai du un peu me répéter !!) Je suis pétrie de doutes, car je sens qu’on arrive à une transition, et j’ai peur de ne pas savoir m’adapter… (j'en parlais déjà ici, d'ailleurs...)
A trois ans, « normalement », on dort seul toute la nuit, on ne porte plus de couches, et on ne tète plus…
Ce n’est pas le cas de ma Choupi !
L’Homme me dit que je me prends la tête pour rien, car notre fille marche, parle, court, chante, saute, joue, fait des puzzles, grimpe, rit, mange, grandit, connait ses couleurs, s’intéresse aux livres… Et surtout elle possède une très grande sécurité affective…
Il lui semble évident que pisser dans un pot ne lui posera pas de problème dès l’instant qu’elle l’aura décidé, c'est-à-dire qu’elle y trouvera un intérêt…
Pour ce qui est de dormir, là c’est lui qui ne voit pas l’intérêt de lui apprendre à dormir seule… La situation lui convient telle qu’elle est actuellement car elle a le mérite d’être simple… Il n’a pas tout à fait tort, sauf que sur ce coup là, j’ai vraiment l’impression que ce n’est pas lui rendre service que de ne pas lui permettre d’accéder à l’autonomie dans le sommeil… On parle d’une troizan, hein, pas d’un nourrisson… Et je pense qu’à cet âge, elle gagnerait à savoir s’endormir seule… Mais c’est vrai que ce n’est jamais simple d’évoluer et de changer l’ordre établi…
Quant à l’allaitement, je suis très partagée sur ce sujet… J’en ai marre qu’elle me réveille entre 4 et 6 heures pour téter… Mais qui me dit qu’elle ne me réveillerait pas même en étant sevrée ? J’en ai marre qu’elle réclame la tétée dès que je rentre du travail, ou lorsqu’elle vit une frustration, ou lorsqu’elle a un ptit coup de faiblesse… Même si, quand j’y réfléchi, les autres enfants réclament leur sucette et/ou leur doudou dans ces situations… Un substitut du sein, en somme… Elle a accès à l’original, pourquoi s’en priverait-elle ?? Enfin, pour ma part, cela devient socialement difficile… Comme c’était bien, au WEB BN, de pouvoir la faire téter sans complexes dans la salle commune quand elle était fatiguée, ou que le repas tardait à venir…
Ceci dit, je ne me sens pas du tout prête à nous imposer le sevrage… D’une part parce que je suis sure que si l’allaitement long était la norme, je ne me poserais pas tant de questions…Et d’autre part parce que j’aime la sentir blottie contre moi lors des tétées, la sentir se détendre, s’abandonner, se laisser envahir par le bien-être… Certaines tétées sont un moment de tendresse à l’état pur… Par contre, j’essaie d’instaurer lorsque je le peux d’autres moments de tendresse… De longs câlins, la lecture d’histoires ensemble, des moments de douceur partagée… Et j’essaie de limiter les tétées, juste le matin et le soir… Des compromis acceptables, en quelques sortes…
Je m’en veux de me laisser parasiter par ce genre de considérations, qui naissent uniquement de notre différence par rapport aux schémas éducatifs classiques… Cela m’empêche de profiter totalement de cet état tellement fugace entre la période de la toute petite enfance et celle de l’enfance à proprement parler…
Comme me le disait Marie-Eve, les troizan c’est un genre de « pré-enfance », au même titre que la « préadolescence »… Une occasion de profiter encore de notre tout-petit avant qu’il ne passe dans un tout autre registre…
Allez, je vais me fixer un objectif positif : ne pas considérer ce jour anniversaire comme un virage à 90° qui nous ferait basculer brutalement dans un autre monde du jour au lendemain… Plutôt envisager cette année comme une douce transition vers l’enfance, et garder à l’esprit que NON, à 3 ans, même si on n'est plus tout petit, on n’est pas encore grand…
Alors rit, ma belle Choupi, court, saute, danse, chante… Continue de grandir à ton rythme, ne te préoccupe pas de ce que moi je considère comme normal ou pas… Continue de ME faire grandir et de m’apprendre la vie, tu es le meilleur professeur qui soit ! Je vais essayer de t’accompagner tout au long de cette année, de me détacher des objectifs standards qui sont imposés aux enfants par notre société normative, et de te regarder évoluer et t’épanouir sereinement… Cela te réussit si bien jusqu’ici…
Je t'aime ma Choupi...